Le printemps volé

Paméla grandissait en âge et en sagesse…

Le temps n’avait fait qu’empirer (« Incroyable pour la saison ! »)…

Clochinette s’était trouvée très enrhumée, et il y avait eu tellement de verglas qu’Eugénie Trésorévitch n’avait pas encore permis aux enfants et à Salamalec d’essayer d’aller chez la Clapiclote.

Ultimatum n’avait toujours pas reparu, et Simulombula restait morose.

Croquosel et Clochinette, ce jeudi 26 mars, jouaient au train électrique… un train électrique magnifique, acheté par Lin Trésorévitch, qui avait toujours regretté – en secret – de ne pas avoir de fils.

Paméla achevait de prendre son petit déjeuner ; elle s’était éveillée tard…

Elle arriva d’excellente humeur, en déclarant qu’elle aurait 27 enfants et que – peut-être – elle consentirait à en prêter, de temps en temps, quatre ou cinq à Clochinette, si cette dernière ne se mariait pas.

Très absorbés, Clochinette et Croquosel réagirent par des grognements. Quelques instants plus tard, on n’entendait plus parler que de wagons de marchandises, de locomotrices, de trains-couchettes, de déraillements et d’erreurs d’aiguillages…

Croquosel était naturellement le chef de gare, Clochinette remplissait modestement les fonctions de lampiste, et Paméla contrôlait les billets.

Tout alla bien pendant un certain temps, puis le chef de gare et le lampiste se disputèrent…

Ils firent tant de bruit que papa-castor fut obligé d’intervenir ; il ne se sentait pas très patient.

Maman-castor avait dû s’absenter pour la journée entière, et le malheureux Lin Trésorévitch tournait comme un ours en cage. Il menaça les enfants de les envoyer au lit.

Comme il n’avait de goût à rien, et que l’heure des informations approchait, il tourna presque machinalement le bouton du poste de télévision :

 

DERNIÈRE MINUTE

Enfin l’explication du froid persistant qui sévit depuis plusieurs semaines sur notre contrée :

On nous informe que le printemps a été volé. La police des courageux-castors-invincibles explore le pays.

Nous vous exhortons à faire preuve de sens civique.

Tout castor trouvant le printemps sur son chemin est prié de le rapporter au bureau des objets trouvés.

 

Lin Trésorévitch et les enfants se regardèrent, profondément surpris…

 

Et pour vous changer les idées, vous allez maintenant voir et entendre notre super-vedette Lina Tatanouchka exécuter sa mini-chanson : Tant qu’on a la santé…

 

Mais la mini-chanson fut interrompue au beau milieu.

 

Chers Téléspectateurs, l’inspecteur Choufrisé et le détective Gobelet nous informent que le Printemps peut avoir été kidnappé par la célèbre bande de gangsters internationaux « Les Nez-Gelés » dont la présence avait été signalée récemment sur notre territoire.

Tout castor susceptible de fournir des renseignements complémentaires est prié de téléphoner aux Bureaux de Scotland-Yard entre 14 h et 21 h (Narcisse 17-10).

 

Les jours suivants n’apportèrent guère de changements.

On mobilisa la gendarmerie, la garde mobile et la maréchaussée. La haute police, la police administrative et la police judiciaire. La police des garnis et la police des jeux…

Sans résultat.

Où le printemps avait-il été vu pour la dernière fois ?

Une jeune castorette dans la fleur de l’âge se souvenait, vaguement, l’avoir encore aperçu près d’une rose de Noël le 25 novembre… Mais elle avait l’oreille légère et le poil étourdi : pouvait-on lui faire confiance ?

Lin Trésorévitch suivait l’enquête avec passion.

L’inspecteur Choufrisé rongeait sa moustache, tandis que le détective Gobelet se grattait la plante des pieds de perplexité…

On avait un suspect numéro 1 : le bonhomme Hiver. Mais il niait farouchement être en relations avec la bande de dangereux gangsters…

On explora. On patrouilla. On fureta. On fouilla. On farfouilla. On scruta les sentiers. On battit les buissons (qui pleurèrent). On sonda les fiches signalétiques de tous les criminels connus. On analysa la poudre de neige. On releva les empreintes digitales du bonhomme Hiver, qui était toujours fortement soupçonné ; et l’on observa au microscope les bulbes de digitales…

Rien. Toujours rien.

On se rabattit sur le bonhomme Hiver.

Il fut interpellé, interrogé, épluché, pressuré, tourné et retourné… Mais on n’en tira rien, sauf quelques gouttes de glace.

On fit passer dans tous les journaux, et l’on afficha dans toutes les mairies une photocopie du printemps.

On chercha midi à quatorze heures. On chercha la petite bête. Mais on ne retrouva pas le printemps.

« Le printemps n’a pas été vu depuis le 25 novembre… » répétaient tous les jours les speakers…

 

« le 25 novembre »

« le 25 novembre »

« le 25 novembre »

 

Clochinette et Paméla levèrent la tête en même temps, et se comprirent d'un regard.

Ultimatum avait, lui aussi, disparu depuis… depuis… depuis le 25 novembre, pardi !

 

 

Elles se sentirent mal à l’aise.

Croquosel Lalunébel et Salamalec furent convoqués dans la chambre d’enfants, où l’on tint une conférence de presse.

Mis au courant de la situation, Croquosel devint grave, ce qui lui était inhabituel, et jeta un froid. (Avec cet hiver, qui n’en finissait déjà pas, on n’avait vraiment pas besoin de ça !…)

Ce ne pouvait être une coïncidence.

Le printemps avait-il disparu en emportant Ultimatum ?

Ultimatum, au contraire, aurait-il kidnappé le printemps ?

Il ne fallait pas oublier que c’était un chat-magique… Pourvu qu’il ne se fit pas arrêter !

Dans le doute, on se mit d’accord sur la nécessité d’aller voir au plus vite la Clapiclote.

Le chat de Simulombula
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